Cinq Versets sur le « Victimæ paschali »
Ces Cinq Versets, pouvant s’adresser aussi bien à un instrument classique que symphonique, furent composés en 1991 à la demande du ministère de la Culture pour le Forum des orgues d’Île-de-France. Ils consistent en une succession de cinq courtes variations sur la séquence de Pâques Victimæ paschali laudes [À la Victime pascale], caractérisées chacune par un univers très particulier.
• Verset I
Il s’agit d’une variation rythmique du thème caractérisée par une écriture instable (fondée sur des syncopes ou des valeurs ajoutées). Comme la plupart des variations de ce cycle, le verset évolue comme un véritable petit poème symphonique avec une progression en plusieurs paliers, un climax et une retombée rapide où l’on assiste à l’élimination progressive du thème rythmique.
• Verset Il
Adagio d’une expressivité particulièrement tendue, il évolue sous la forme d’une lente montée chromatique dans une écriture contrapuntique vers un sommet en forme de cri débouchant de façon abrupte sur une coda complètement dépouillée. Le motif grégorien n’y trouve la force de réapparaître que par bribes entrecoupées de silences.
• Verset III
Court intermezzo où l’humour du début se trouve rapidement contrarié par des réminiscences plus haletantes de la variation précédente.
• Verset IV
Comme dans beaucoup de mes pièces (le mouvement central du Premier Concerto pour orgue et orchestre par exemple), il s’agit d’une longue marche processionnelle mêlant un élément de marche lente obstinée sur le motif du Victimæ paschali à une main, et une présentation complètement hachée, déstructurée du même thème à l’autre. La progression se fait alors vers une atmosphère de plus en plus pesante et même écrasante, parfois entrecoupée d’« éclairs » sous forme de rafales d’accords.
• Verset V
Une brève toccata à la métrique sans cesse irrégulière qui tente parfois de renouer avec une expression et un phrasé plus haletants semblant ressurgir des versets précédents.
Thierry Escaich