Initialement, il existait deux directions pour ce sextuor. La première était d’écrire un ground dans la tradition de la Renaissance anglaise, la deuxième était de se laisser aller à faire une pièce inspirée par des improvisations jazzy. En fait, Chorus est la conjonction des deux : d’une part, on y retrouve la basse chromatique descendante caractéristique des grounds purcelliens sur laquelle viennent s’échafauder un certain nombre de variations, et, d’autre part, plus la pièce avance, plus la présence de rythmes syncopés et d’ostinati rapides en pizzicati rappellent le jazz. Quatre séquences se succèdent en s’enchaînant. Au cours de la première, le thème est énoncé en valeurs longues à la basse dans un climat à la fois mystérieux et immobile. Puis une tension et une agitation progressives conduisent à la seconde séquence, qui repose sur la persistance d’un ostinato en pizzicati autour duquel les instruments semblent improviser. Cet ostinato se dissout progressivement, laissant place à une troisième séquence où apparaissent des harmonies plus étales au quatuor à cordes. Enfin, après une lente transformation, un moteur rythmique syncopé se reforme, et amène une dernière partie particulièrement vive.
Thierry Escaich