La version pour ensemble de saxophones et saxophone soprano est la première version de cette pièce orchestrée dans la foulée pour orchestre à cordes. Elle fut commandée par Claude Delangle, professeur au Conservatoire de Paris (CNSMDP), qui en assura la création lors du Congrès mondial du saxophone de Pesaro (Italie) en septembre 1992. D’un seul tenant, l’œuvre combine la forme d’une passacaille avec une écriture concertante. Construite clairement en trois parties sur un thème caractéristique du rythme de passacaille et contrepointée, dès le début par un thème mélodique s’enroulant autour du Dies iræ, la pièce déroule plusieurs procédés compositionnels que l’on retrouvera dans de nombreuses œuvres postérieures :
• travail sur l’ornementation mélodique (particulièrement visible dans le traitement du Dies iræ) ;
• construction sur un dialogue permanent entre deux idées parfois opposées qui irrigue toute la première partie de l’œuvre ;
• transformation progressive d’un matériau (cette « métabole » qui donne naissance à la section rythmique de la première partie) ;
• mondes sonores superposés harmoniquement que l’on voit se dessiner dans la partie centrale plus lente et expressive – d’où la présence d’une écriture polymodale et polyrythmique.
Jouée depuis sa création par bon nombre de saxophonistes français et étrangers, cette pièce reste une des plus sombres écrite par le compositeur à ce jour.
Thierry Escaich