2023
Piano et orchestre
29 min
• Première audition : 16/03/2023, Rudolfinum (salle Dvořák), Prague (République Tchèque) – Seong-Jin Cho (piano), Orchestre philharmonique tchèque, Semyon Bychkov (direction).
• Création hongroise : 31/03/2023, Müpa, Budapest – Seong-Jin Cho (piano), Orchestre philharmonique tchèque, Semyon Bychkov (direction).
• Création croate : 1/04/2023, salle Vatroslav-Lisinski, Zagreb – Seong-Jin Cho (piano), Orchestre philharmonique tchèque, Semyon Bychkov (direction).
• Création allemande : 20/09/2023, Isarphilharmonie, Munich – Seong-Jin Cho (piano), Münchner Philharmoniker, Semyon Bychkov (direction).
• Commande : Orchestre philharmonique tchèque et Münchner Philharmoniker.
• Effectif : 2.2.3.2 – 4.3.3.1 – timb, 2 perc., hp et cordes.
• Éditeur : Gérard Billaudot.
Commandées par Semyon Bichkov pour l’Orchestre philharmonique tchèque, ces Études symphoniques, au nombre de quatre, ne se limitent pas à l’exploitation des diverses techniques d’écriture pianistique comme les déplacements d’accords, le toucher «perlé» ou l’écriture polyphonique de l’instrument. Elles se présentent aussi comme des études compositionnelles intégrant toutes les formes de dialogue possibles entre le soliste et l’orchestre, dialogues parfois très serrés ou conduisant à des polyphonies d’atmosphères opposées ou encore à de violents contrastes.
On peut aisément entendre des réminiscences du langage harmonique de J. S. Bach dans ce thème d’accord qui ouvre la pièce dans un climat éthéré et reviendra comme un leitmotiv tout au long de cette demi-heure de musique, revêtant les formes les plus diverses jusqu’aux déflagrations d’accords qui concluent l’œuvre.
Dérives, la première des études, n’est autre qu’une passacaille naissant de ce thème d’accords. Mais, dès que le piano installe ses volutes arpégées de doubles croches aux contours néo-baroques, il s’emploie, à plusieurs reprises, à faire dériver la pièce vers des épisodes plus syncopés proches de danses populaires pulsées que la passacaille vient inexorablement interrompre, ramenant la pièce au climat initial.
Furtif, la seconde étude, fait cohabiter un scherzo fantasque et virevoltant avec l’apparition d’une mélodie modale plus lente et presque énigmatique venant l’interrompre. Les entremêlements de ces univers, au fur et à mesure que cette mélodie se déploie et tente de s’imposer face à un scherzo de plus en plus percutant, conduisent la pièce vers une écriture proche du jazz, où le piano semble improviser un chorus imaginaire.
Mirage fait, quant à elle, alterner un monde extatique où s’enlacent des lignes mélodiques en canons multiples dans un univers harmonique clair et serein, avec un motif plus lyrique auquel les notes répétées du piano donnent une insistance plus dramatique. Une dualité mettant en scène des élans bouillonnants du piano interrompus par des bribes de phrases romantiques semblant issues d’une œuvre du passé, se met en place et fait dériver la pièce vers des sommets aux allures de valse emportée.
Après un bref épisode où des ornementations pianistiques semblent s’enrouler autour d’une mélodie de trompettes dans une atmosphère nocturne rappelant le début de ce cycle d’études, la Toccata finale impose une écriture plus rythmique et staccato semblant poursuivre ce qui avait été suggéré dans la seconde étude, Furtif, mais de manière encore plus dynamique. Seul le retour du thème d’accords initial viendra contredire cette énergie jubilatoire amenant une note plus tragique dans cette Toccata d’accords qui conclut la pièce.
Thierry Escaich